Gaza: Plus de 100 organisations tirent la sonnette d’alarme

31 juillet 2025 Autres urgences

E-mailing du Consortium 12-12

L’accès à une aide humanitaire effective et efficiente est bloqué. Nos membres et leurs partenaires sur place sont pourtant prêts à poursuivre leur mission, mais ils restent confrontés à des difficultés opérationnelles et même de survie extrêmes. Avec nos membres et les principaux acteurs humanitaires, nous continuons à plaider pour un réel accès aux populations en danger. Chaque heure qui passe se compte en vies perdues.

Plus de 100 organisations tirent la sonnette d’alarme pour que l’aide humanitaire puisse être acheminée.

Les 5 membres du Consortium 12-12, Caritas International, Handicap International, Médecins du Monde, Oxfam et Plan International ont également souscrit la déclaration suivante :

Alors que la famine se propage à Gaza, nos collègues et ceux que nous aidons dépérissent.

 

Alors que le siège imposé par le gouvernement israélien affame la population de Gaza, les travailleurs humanitaires font désormais la file aux mêmes distributions alimentaires, risquant d’être abattus simplement pour nourrir leurs familles. Les réserves étant désormais totalement épuisées, les organisations humanitaires voient leur propre personnel et leurs partenaires dépérir sous leurs yeux.

Deux mois exactement après le début des activités de la Fondation humanitaire de Gaza, une organisation contrôlée par le gouvernement israélien, plus d’une centaine d’organisations tirent la sonnette d’alarme et exhortent les gouvernements à agir pour :

  • faire ouvrir tous les points de passage terrestres ;
  • rétablir l’approvisionnement complet en nourriture, en eau potable, en fournitures médicales, en articles de première nécessité et en carburant à travers un mécanisme fondé sur les principes humanitaires et dirigé par l’ONU ;
  • mettre fin au siège et conclure un cessez-le-feu immédiat.

« Chaque matin, la même question résonne dans toute la bande de Gaza : vais-je manger aujourd’hui ? », a rapporté le représentant de l’une des organisations.

Des massacres ont lieu presque quotidiennement dans les emplacements de distribution alimentaire à Gaza. Au 13 juillet, l’ONU a confirmé que 875 Palestiniens avaient été tués alors qu’ils tentaient d’obtenir de la nourriture, soit 201 sur les routes d’acheminement de l’aide humanitaire et les autres sur les sites de distribution. Des milliers d’autres ont été blessés.

Parallèlement, les forces israéliennes ont déplacé de force près de deux millions de personnes épuisées, le dernier ordre de déplacement massif ayant été lancé le 20 juillet, confinant la population palestinienne dans moins de 12 % du territoire de Gaza. Le Programme alimentaire mondial avertit que les conditions actuelles rendent les opérations intenables. Affamer des civils comme méthode de guerre constitue un crime de guerre.

Juste à l’extérieur de Gaza, dans des entrepôts – et même à l’intérieur de Gaza –, des tonnes de nourriture, d’eau potable, de fournitures médicales, d’articles de première nécessité et de carburant restent intactes, les organisations humanitaires étant empêchées d’y accéder ou de les distribuer.

Les restrictions, les retards et la fragmentation imposés par le gouvernement israélien en vertu de son siège total ont engendré le chaos, la famine et la mort. Un travailleur humanitaire fournissant un soutien psychosocial a évoqué l’impact dévastateur sur les enfants : « Les enfants disent à leurs parents qu’ils veulent aller au paradis, car au moins là-bas, il y a de quoi manger. »

Les médecins rapportent des taux records de malnutrition aiguë, en particulier chez les enfants et les personnes âgées. Des maladies telles que la diarrhée aiguë se propagent, les marchés sont vides, les déchets s’accumulent et des adultes s’effondrent dans les rues, victimes de la faim et de la déshydratation. Les distributions à Gaza s’élèvent en moyenne à seulement 28 camions par jour, ce qui est loin d’être suffisant pour plus de deux millions de personnes, dont beaucoup n’ont reçu aucune aide depuis des semaines.

Le système humanitaire dirigé par l’ONU n’a pas échoué, il a été empêché de fonctionner. Les agences humanitaires ont les capacités et les ressources nécessaires pour intervenir à grande échelle. Mais l’accès nous étant refusé, nous ne pouvons venir en aide à celles et ceux qui en ont besoin, y compris nos propres équipes épuisées et affamées.

Le 10 juillet, l’Union européenne et Israël ont annoncé des mesures visant à renforcer l’aide humanitaire. Mais ces promesses de ‘progrès’ sonnent creux tant qu’il n’y a pas de changement réel sur le terrain. Chaque jour sans aide humanitaire en continu signifie que davantage de personnes meurent de maladies évitables. Des enfants meurent de faim en attendant des promesses qui ne se concrétisent jamais.

Les Palestiniennes et les Palestiniens sont pris au piège dans un cycle d’espoir et de désespoir, attendant de l’aide et un cessez-le-feu, pour se réveiller chaque jour dans des conditions qui ne cessent de se détériorer. Il ne s’agit pas seulement d’une souffrance physique, mais aussi psychologique. La survie est comme un mirage. Le système humanitaire ne peut pas fonctionner sur la base de fausses promesses. Les organisations humanitaires ne peuvent pas travailler avec des calendriers changeants ou attendre des engagements politiques qui échouent à donner accès à la population.

Les gouvernements doivent cesser d’attendre la permission d’agir. Nous ne pouvons pas continuer à espérer que les dispositions actuelles fonctionnent. Il est temps de prendre des mesures décisives

  • exiger un cessez-le-feu immédiat et permanent ;
  • lever toutes les restrictions bureaucratiques et administratives ;
  • ouvrir tous les points de passage terrestres ;
  • garantir l’accès à toutes les personnes dans toute la bande de Gaza ;
  • rejeter les modèles de distribution contrôlés par l’armée ;
  • rétablir une réponse humanitaire fondée sur les principes humanitaires et dirigée par l’ONU ; et
  • continuer à financer les organisations humanitaires impartiales et fondées sur les principes humanitaires. Les États doivent prendre des mesures concrètes pour mettre fin au siège, telles que l’arrêt du transfert d’armes et de munitions.

Les mesures fragmentaires et les gestes symboliques, tels que les largages aériens ou les accords d’aide déficients, servent de paravent à l’inaction. Elles ne peuvent remplacer les obligations juridiques et morales des États de protéger les civils palestiniens et de garantir un accès significatif à grande échelle. Les États peuvent et doivent sauver des vies avant qu’il n’y en ait plus à sauver. »