Depuis une dizaine d’années, les difficultés s’enchaînent sans répit en Haïti : conséquences du tremblement de terre de 2010, épidémies de choléra, troubles politiques, ouragans et autres catastrophes naturelles. Englué dans une grave crise économique et politique, le pays est aujourd’hui confronté à une urgence sanitaire imprévue : celle du Covid-19. Haïti a-t-elle les moyens d’y faire face ?
En Haïti comme dans de nombreux pays, le gouvernement a imposé des mesures de confinement suite à l’apparition de la pandémie. Les chiffres officiels font état de 958 contaminations et 27 décès (au 25/05)*. Ils doivent malheureusement être pris avec des pincettes : très peu de tests sont effectués, et beaucoup de malades cachent leur état par peur d’être stigmatisés. Le calme avant la tempête ?
Quelle est la situation actuelle en Haïti ?
« Les gens sont en colère »
Martine Haentjens, représentante de Caritas International en Haïti.
« Les communications officielles de la part des autorités se font attendre et les mesures structurelles manquent. Le gouvernement a par exemple activé un numéro d’urgence pour les personnes malades, mais ce numéro sonne la plupart du temps dans le vide. Il avait également promis d’accueillir les malades dans des centres de santé, ce qui ne s’est pas ou très peu concrétisé dans les faits. L’attitude du gouvernement face à la crise du corona ne fait qu’ajouter de l’huile sur le feu. Le manque de clarté dans les messages officiels, l’angoisse et l’agitation sociale persistante poussent les gens à descendre dans la rue pour exprimer leur mécontentement. Cela se traduit, surtout dans les villes, par des manifestations pendant lesquelles la distanciation physique n’est pas appliquée. »
Le système des soins de santé est-il prêt pour la crise qui s’annonce ?
Martine Haentjens : Non, pas du tout. Seuls 124 lits sont disponibles en soins intensifs, pour une population qui dépasse les 10 millions d’habitants. Le pays manque de personnel médical et les équipements de protection sont quasi inexistants.
Les rares communications adressées à la population insistent sur l’importance de l’hygiène, mais comment respecter des mesures d’hygiène sans disposer du matériel nécessaire ? Peu de personnes ont accès à de l’eau propre, à du savon et à des produits désinfectants.
Quel est l’impact de la crise du Corona virus sur d’autres domaines, comme celui de l’approvisionnement alimentaire ?
Martine Haentjens : La situation actuelle est catastrophique. La crise alimentaire menaçait avant même l’apparition du virus, mais le confinement n’a fait qu’augmenter le prix des denrées. Les prix des aliments de base comme les haricots et le riz, fluctuent constamment. En raison du confinement imposé, la demande augmente et tout devient plus cher.
Le fait que beaucoup de personnes aient perdu leur emploi à cause des mesures en cours, aggrave encore la situation. Ces personnes quittent la ville pour retrouver leurs familles à la campagne. Cela représente des bouches supplémentaires à nourrir dans les villages.
Comment Caritas organise-t-elle l’aide humanitaire sur place ?
Martine Haentjens : Si la menace est bien présente, l’impact réel de la pandémie reste incertain. Mais nous ne restons pas inactifs à attendre le pire. Nous menons des campagnes de sensibilisation via des affiches diffusant des messages sur l’hygiène et la distanciation physique, dans un langage compréhensible par tous et toutes. C’est crucial, car les défis sont bien sûr très différents en ville et à la campagne.
Nous prévoyons également de fournir du désinfectant, des tablettes pour purifier l’eau et de grands seaux munis de robinets. Nous soutenons également la fabrication de masques. Nous continuons par ailleurs à accompagner les paysans pour améliorer leur production, et allons distribuer de l’argent pour répondre aux problèmes alimentaires les plus criants.
Chaque don compte
COVID 12-12 est l’appel commun des organisations membres du Consortium 12-12 : Caritas International, la Croix-Rouge de Belgique, Handicap International, Oxfam-Solidarité, Plan International Belgique, Médecins du Monde et UNICEF Belgique. Elles apportent leur aide dans 5 secteurs prioritaires : la santé, l’eau et l’hygiène, l’aide alimentaire et à la subsistance, la protection des enfants et la scolarité. Ensemble, aidons les victimes du coronavirus dans les pays en développement.
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